Rencontre avec Titouan, guide au cœur des grands espaces finlandais
Catégorie Actus polaires
Date 22/09/2025
Auteur Titouan Bangehyi
Sous les grands pins chargés de neige et dans l’air glacé des nuits étoilées, il est une silhouette familière : celle de Titouan, guide passionné qui partage les merveilles de la Finlande avec nos voyageurs. Chiens de traîneau, randonnées en raquettes, veillées sous les aurores boréales... Chaque activité est soigneusement préparée pour faire vivre aux aventuriers des moments inoubliables au cœur de la Finlande. Mais derrière ces expériences magiques, il y a surtout un amour profond pour la nature nordique, un engagement pour la sécurité et une immense envie de transmettre.
Peux-tu nous raconter ton histoire, comment tu es devenu guide en Finlande. Et depuis combien de temps tu guides pour 66°Nord ?
Je suis originaire du Jura, j'ai toujours vécu là-bas avec mes parents. J'ai fait beaucoup de ski de fond étant petit. On a tout de suite été sur des skis avec mon frère, et au collège et lycée, j'étais en section sport-études dans le Jura aussi, où je faisais beaucoup de compétitions. On faisait plein d'autres sports à côté, et toujours dehors avec mes parents le week-end à découvrir plein de choses. C'est ça je pense, qui m'a donné un peu cette base d'aimer découvrir, de toujours aimer être dehors.
Après ça, je suis allé faire des études à Lyon. C'était plutôt une formation professionnalisante où on passait beaucoup de temps en stage. J'ai travaillé en France pendant six ans, en école de ski l'hiver et puis sur les rivières l'été. Je travaillais à cette époque-là avec Guillaume qui a beaucoup travaillé pour 66°Nord, qui m'a donné le contact de Nicolas chez 66°Nord et qui m'a dit "écoute, si tu veux aller travailler à l'étranger, appelle-le, passe un entretien et tu verras ce que ça donne." J'avais plutôt visé la Finlande parce que mes parents et moi étions partis deux fois en vacances en 2010 et en 2012 et c'est un pays qui m'avait énormément plu.
C'est comme ça que je suis parti en Finlande, il y a maintenant trois hivers pour la première fois. J'ai également guider aux Îles Lofoten et au Spitzberg sur la saison estivale. Donc, ça fait trois hivers que je travaille pour 66°Nord et j'attaque mon troisième été.
Qu'est-ce qui te passionne le plus dans ton métier de guide ?
Partager tout ça avec les gens, c'était ma raison première. Je pense aussi que c'est d'être dehors, quelle que soit la météo, de ne pas être enfermé. Ce que j'aime encore plus, surtout en Finlande, c'est que tu peux aller partout. Tu n'as pas de sentier balisé, c'est vierge partout, c'est blanc. Tu peux passer où tu veux sur les lacs, dans les tourbières, dans la forêt. Tu n'as pas de chemin qui est tracé. C'est vraiment agréable de pouvoir juste évoluer comme bon te semble, en fonction du niveau du groupe, évidemment.
Quelle est ta journée type en tant que guide pendant tes séjours en Finlande ?
Justement, il n'y a pas de journée type. C'est très varié. Je dirais que la Finlande, c'est la plus variée de toutes les destinations que propose 66°Nord même si je ne les connais pas toutes, mais c'est là où on fait le plus d'activités différentes réparties sur une semaine, sur un laps de temps aussi court. Tu peux faire du chiens de traîneau, de la cani-rando, de la raquette, du ski, de la motoneige. Donc, tu n'as pas vraiment de journée type.
Le matin, tu prépares le matériel pour la journée en fonction des activités. Ensuite, on va en cuisine, où on prépare la glaciaire avec ce que le cuisinier nous a préparé. En fonction du repas, tu prends la casserole, les ustensiles dont tu as besoin. Puis, tu pars en activité à la journée et tu manges avec ton groupe le midi sur le feu. Je leur apprends à faire du feu, comment couper du bois avec une hache sans se blesser, de quelle manière tu démarres le feu. C'est la partie cool.
Puis, tu repars en activité l'après-midi et après, tu rentres. On range le matériel, souvent avec le groupe. On range les raquettes, on range
les skis, on nettoie les traîneaux aussi ensemble. Après, les voyageurs sont sur place, ils ont accès au sauna, au bain norvégien, au bar, ils font ce qu'ils veulent. Moi, il me reste encore juste ma glacière à faire avec la vaisselle et ranger la nourriture du midi.
Quelle est ton activité préférée à faire découvrir aux voyageurs, ou quelles expériences incontournables tu recommandes aux voyageurs ?
Je suis très partagé sur la Finlande avec le chien de traîneau et le ski de randonnée nordique. Le ski parce que c'est l'activité que j'ai le plus en moi et que j'ai toujours fait. Mais c'est vrai que pour avoir découvert le chien de traîneau là-bas et pour avoir été formé sur place, au niveau du partage avec les clients et partage avec les chiens, il n'y a rien qui est aussi fort que ça, en tout cas en termes d'activité.
Moi de base, je suis allergique aux chiens, mais d'être à proximité m'a complètement désensibiliser.
Mais c'est vraiment l'activité que les gens aiment par-dessus tout, forcément, et c'est ce partage avec les chiens qui fait que c'est vraiment apprécié.
Quel est ton endroit préféré à faire découvrir autour de notre base à Hossa ?
La meilleure cabane, c'est Huosiusjärvi, c'est vraiment la plus belle cabane du parc : une vieille maison en rondin, elle est magnifique. C'est très très classe d'y aller, on y va une fois pendant le raid en chiens de traineaux en semaine et en
général les gens aiment vraiment bien, ça te fait une grande pièce principale avec un poêle central et les lits à côté. Ça chauffe bien et puis elle est vraiment très très belle cette cabane.
Y a-t-il une tradition locale que tu aimes particulièrement partager avec les voyageurs ?
En Finlande, les finlandais ont une grosse culture du sauna et du bain norvégien, et aiment alterner entre chaud et froid avec les bains dans les lacs gelés. C'est assez sympa de le partager avec le groupe. Sinon, ce qui est bien traditionnel aussi, c'est les repas qu'on fait et qu'on fait découvrir à nos voyageurs.
Est-ce que tu as une anecdote amusante ou surprenante à nous raconter ?
On passe beaucoup sur des lacs gelés avec le groupe. Et les personnes ont toujours forcément un peu peur, ils demandent toujours : « T'es sûr qu'il y a assez
d'épaisseurs de glace ? » « On va pouvoir passer à l'eau ? » Du coup, on parle toujours un petit peu de survie aussi ensemble. Je leur demande toujours quelle serait leur première réaction s'ils tombaient à l'eau. En général, tout de suite , "enlever les vêtements", c'est la première chose que disent les gens.
Mais pas du tout ! Il faut te rouler dans la neige ! La neige va absorber un maximum d'eau, d'humidité. Tu gardes tes vêtements et tu te roules dans la neige.
Quelle réaction des voyageurs te fait le plus plaisir ?
Ce qui me fait le plus plaisir, ce n'est pas quand tu vois un truc qui sort du contexte, qui est un petit peu particulier du séjour, par exemple une belle aurore boréale ou un coucher de soleil. Quand les gens s'émerveillent de ça, c'est sûr que ça me fait plaisir, mais... Ça me fait encore plus plaisir quand les gens s'émerveillent du « normal ». Tu as fait ta semaine, tu as fait ton travail, il n'y a pas eu d'événement exceptionnel comme ça, mais les gens te remercient quand même à la fin en disant qu'ils ont passé une super semaine.
Si tu devais résumer Hossa en une phrase, laquelle serait-elle ?
Hossa, c'est vraiment une grande famille qui vit tous ensemble pendant 5 mois de l'année. C'est un lieu placé idéalement près du parc national, une vraie première expérience dans le froid, dans le nord.
Qu'est-ce qui est le plus exigeant dans ton travail en Finlande ?
Le plus exigeant en termes de travail ça va être la rigueur que tu as à avoir avec le matériel d'une manière générale, parce qu'on le brasse souvent, tous les jours. Au-delà de ça, c'est gérer le groupe mais quand il fait très froid parce les gens ne se rendent pas compte que le froid, tu le sens pas.
Si ils commencent à avoir froid aux doigts, au début ils vont sentir qu'ils commencent à plus trop avoir de sensibilité, donc une fois qu'ils l'ont plus, ça fait plus mal. Ils ne savent pas quelles sensations ça fait, ils ne savent pas comment réagir et surtout ils n'osent pas le dire. Heureusement on a pas trop de -25°C, -30°C, ce n'est pas quotidien, mais c'est très dur de gérer les personnes à ces températures là. Tu fais un petit peu papa poule, mais tu dois vraiment vérifier qu'ils n'ont pas froid, qu'ils ont encore de la sensibilité au bout des doigts, au bout des pieds.
Merci Titouan !